Les grèves sur les salaires s’étendent

Publié le par gac

Conflits . Excellents résultats des entreprises, augmentations dérisoires pour les salariés : un cocktail détonnant qui alimente des conflits. Ainsi à Rhodia Saint-Fons et chez Filartois.

À l’usine Rhodia de Saint-Fons (Rhône), c’est l’annonce de supercadeaux offerts aux six plus gros salaires du groupe qui a déclenché, mardi dernier, une grève sur les salaires dans les unités de production, qui emploient 120 ouvriers. « Nous avons appris que nos patrons se sont offert près de 2 millions d’actions gratuites, pour un total de 5 millions d’euros, dénonce Jacques Lacaille, délégué CGT. À côté de ça, la direction s’apprête à nous augmenter de 2 % pour l’année, ce qui correspond à 30 euros ou 40 euros par personne. Une telle disproportion ne passe pas. Les ouvriers ont décidé de se faire entendre. »

Une revendication de 100 euros pour tous

Depuis une semaine, plus aucune production ne sort de l’usine. La grève est suivie à 90 % dans les ateliers, avec pour revendication une augmentation d’au moins 100 euros pour tous. « Ce serait un juste retour des choses vu les efforts fournis, explique le cégétiste. Le travail est pénible, fatiguant ; on travaille en 5 × 8, les jours fériés, à Noël. S’il y a de l’argent pour filer 5 millions d’euros à six personnes, il y en a pour nous augmenter. »

La direction du site a reçu une délégation des grévistes mais affirme pour l’instant ne pas avoir les cartes en main pour décider d’une augmentation sur le site, et renvoie aux négociations au niveau du groupe. Selon Jacques Lacaille, d’autres sites Rhodia de la région lyonnaise pourraient eux aussi appeler à la grève.

6 millions d’euros de bénéfices

« Chez nous, les salaires sont compris entre 1 200 euros et 1 250 euros par mois. C’est mini pour vivre. » Hier après-midi, à Douvrin (Pas-de-Calais), les salariés de Filartois ont reconduit leur mouvement de grève entamé mercredi dernier. L’enjeu, là encore : les négociations salariales entre une direction qui propose une hausse de 5 % sur deux ans et 1 % en plus au-delà de dix ans d’ancienneté, assorti de primes de polyvalence, et les syndicats FO, CGT, CFDT qui revendiquent 100 euros brut par mois et un treizième mois.

La filature a, selon Christophe Machu, secrétaire du comité d’entreprise (FO), « dégagé un bénéfice de 6 millions d’euros en 2005 avec un chiffre d’affaires de 70 millions ». « On a accumulé des déficits pendant des années, ajoute Dominique Doléans (CGT). Maintenant, on réclame notre part du gâteau. » « D’autant qu’on travaille en 5 × 8, reprend le militant FO, le samedi, le dimanche, les jours fériés. L’entreprise existe depuis 1995. À l’époque, on était tous jeunes, on habitait chez les parents, on n’était pas mariés. On a vieilli, ça devient dur. » Selon les organisations syndicales, près de 100 % de la production est en grève depuis six jours, ainsi que certains cadres et techniciens.

Filartois, propriété du groupe familial belge Beaulieu International, emploie 273 personnes à Douvrin et produit des fils synthétiques qui servent à la fabrication des tapis, essentiellement pour l’export. Une nouvelle réunion de négociation devait avoir lieu hier après-midi avec la direction.

Lénaïg Bredoux et Fanny Doumayrou

Article paru dans l'Humanité édition du 23 janvier 2007

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article