Premières tractations entre le PS et le PCF en région parisienne

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LE MONDE | 09.10.07 | 16h44  •  Mis à jour le 09.10.07 | 16h44


Pour le parti socialiste et le Parti communiste, c'est une habitude avant les échéances électorales : faire du bruit et bomber le torse. Tout en sachant que, finalement, il faudra bien s'entendre pour reconquérir certains des fiefs perdus en 2001.

Alors que les rencontres ont débuté pour préparer les municipales et cantonales de 2008, les deux partis ont entonné leur refrain. Bruno Le Roux, secrétaire national du PS aux élections, assure qu'"il ne peut y avoir d'autre stratégie que de rassembler à gauche" mais, ajoute-t-il, "le rassemblement de la gauche réclame des rééquilibrages" tenant compte du poids électoral de son parti. Le dirigeant socialiste espère aboutir à des accords avec le PCF début novembre.

Les communistes déclarent qu'il serait "suicidaire" de se diviser face au gouvernement Sarkozy. "Le problème est de garder les départements à gauche et d'en gagner de nouveaux face à la droite, pas de se lancer dans une guerre fratricide", a lancé Michel Laurent, membre de l'exécutif, qui rappelle la "règle" : la reconduction des sortants.

La Seine-Saint-Denis constitue l'enjeu principal de ces prénégociations. Les socialistes avaient réclamé dès septembre des "primaires" sur six villes : Aubervilliers, Bagnolet, Pierrefitte, La Courneuve, Saint-Ouen et Villetaneuse, estimant que les résultats aux législatives leur donnaient l'avantage. Ils ont également laissé planer la menace d'un soutien à une liste des Verts à Montreuil contre Jean-Pierre Brard (app. PCF), maire sortant. En face, les équipes communistes commandent des sondages, dont certains témoignent, comme à Aubervilliers, de leur avance. Le PS laisse désormais entendre qu'il pourrait renoncer à revendiquer certaines mairies.

Comme dans d'autres départements, l'enjeu des municipales en Seine-Saint-Denis en cache un autre, celui des cantonales. Avec 11 sièges sur les 15 renouvelables, les communistes savent qu'ils ont toutes les chances de perdre le conseil général qu'ils ne tiennent qu'à une voix face au PS. Ce dernier en réclame la présidence et Claude Bartolone s'y verrait bien.

Après avoir lorgné sur le canton de Bagnolet, le député socialiste de Seine-Saint-Denis envisage de se porter candidat à Pantin, siège détenu par un ex-Vert, exclu de ce parti pour s'être trop rapproché du PRG. Aux écologistes, il est proposé de laisser le champ libre en échange d'un soutien socialiste à Dominique Voynet qui convoite la municipalité de Montreuil, et à deux candidats Verts aux cantonales à Bagnolet et Aubervilliers. "Les discussions restent locales, il n'y a aucune décision nationale sur Montreuil", précise Michel Bock, membre du collège exécutif des Verts.

Le "deal" fait bondir certains responsables Verts. "Pas question de servir de bras armé du PS pour casser du communiste dans un département où leurs sortants n'ont pas démérité et au moment où nous avons mis en place ensemble un groupe PCF-Verts à l'Assemblée nationale !", s'exclame Jean-Vincent Placé, président du groupe Verts au conseil régional d'Ile-de-France, en rappelant qu'il a son mot à dire sur les investitures et les alliances. "De toute façon, Voynet n'a aucune chance face à Brard", pronostique-t-il.

Dans les Hauts-de-Seine, le principal blocage se situe à Nanterre, où le PS local menace de se lancer dans une primaire bien que le candidat socialiste ait été devancé par Jacqueline Fraysse, députée communiste réélue en juin. Un compromis pourrait être trouvé en laissant un candidat socialiste succéder à l'un des deux conseillers généraux sortants communistes de Nanterre.

Présidé par les communistes, le Val-de-Marne est aussi le théâtre d'une compétition à gauche. Les socialistes locaux ont mis la barre très haut et revendiquent la prééminence dans les communes de Vitry, Villejuif et Ivry, détenues par le PCF, quitte à modérer leurs ambitions sur le conseil général, menacé de basculer à droite. "On se demande ce qu'il leur prend, ce n'est pas sérieux. Deux départements dirigés par les communistes, ce n'est pas trop !", réagit Michel Laurent.

Entre le PS et le Mouvement républicain et citoyen (MRC), les points de friction se situent aux Ulis (Essonne), dont le maire est Paul Loridant, et à Paris, où Georges Sarre se prévaut d'un accord avec la direction nationale du PS pour conserver la mairie du XIe arrondissement que Patrick Bloche, député socialiste, entend lui disputer. A Belfort, dont le maire fut longtemps Jean-Pierre Chevènement, PS et MRC sont également en concurrence. Enfin, un accord devrait intervenir en faveur du PCF à Dieppe, au Havre, à Bourges et à Vierzon, d'anciennes villes communistes remportées par la droite en 2001.

 

Jean-Michel Normand et Sylvia Zappi


Le maire PS de Pau tenté de rejoindre une liste d'ouverture

Après avoir rencontré Nicolas Sarkozy, le maire socialiste de Pau, Yves Urieta - en conflit avec les instances locales du Parti socialiste - pourrait rejoindre l'UMP sur une liste d'ouverture lors des élections municipales. En 2006, après le décès d'André Labarrère, M. Urieta avait été élu par le conseil municipal malgré l'opposition de la section socialiste. En septembre, les militants PS ont désigné la députée Martine Lignières-Cassou pour mener la liste de gauche. Malgré une réunion de conciliation organisée sous l'égide de François Hollande, aucun accord n'a pu être trouvé. David Habib, député PS des Pyrénées-Atlantiques, qui voit dans M. Urieta "le candidat masqué de l'UMP", estime que cette candidature vise à contrecarrer celle, de plus en plus souvent évoquée, de François Bayrou à la mairie de Pau. Réélu lors des dernières législatives dans les Pyrénées-Atlantiques, le président du MoDem n'a jusqu'à présent ni confirmé ni démenti son intention de conduire une liste aux municipales de mars 2008.

 

Article paru dans l'édition du 10.10.07

 

Publié dans Elections 2008

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